Charles Atangana est né en 1883 AU CAMEROUN, d'Atangana Essomba et de Ndongo Edoa. Vers l'âge de 6 ans, il perd son Père. En 1895, le petit Charles Atangana sera témoin des massacres des Mvog Ottou lors de la rébellion d'Omgba Bissogo à Mvog Betsi, ce sont les premières impressions pénibles qui forgeront son souci, son sens de médiation et de réconciliation. En effet, après une brève victoire surprise d'Omgba Bissogo, Zimmermann s'est lancé dans une expédition punitive, avec le secours de Bartsch - et de Muller. Le petit Atangana est traumatisé de voir le vieil Omgba Bissogo, homme extrêmement fier et redouté, s'humilier en venant se constituer prisonnier au poste de Yaoundé afin d'arrêter les massacres.
En 1896, son oncle Essomba Ngonti le confie au Major Dominik avec son cousin Tsoungui Akoa à la demande de l'Administrateur allemand qui veut former les premiers cadres Ewondo - ils sont 4 petits garçons Ewondo, dont Martin Tabi Nnana de Mvog Ada - et Michel Onana. Charles Atangana rejoindra les trois autres partis six mois plus tôt à Kribi à l'Ecole des Pères Pallotins. Il est en compagnie du Major Dominik qui doit prendre le bateau pour un séjour en Allemagne. Très vite, il rattrape les autres, et non seulement il est premier de sa classe, mais il recevra aussi le baptême le premier. Vers la fin de l'année 1899, les études sont brutalement interrompues par la révolte des Bulus qui envahissent Kribi. L'Ecole et la Mission sont saccagées; le petit Atangana se réfugie avec les Pères Pallotins à Douala - Il les convainc d'aller s'installer à Yaoundé où les populations sont plus hospitalières.
Au mois d'Août de l'année 1900, il est appelé à Victoria par le Chef de poste lui-même pour servir d'interprète aux 500 otages Bulus qui venaient de débarquer comme travailleurs exigés, en représailles de la révolte sanglante de 1899. Charles Atangana s'acquitte bien de cette tâche pendant 6 mois, tout en apprenant parallèlement le métier d'infirmier. Puis il est appelé à Buéa, Siège du Gouvernement, pour être initié au jeu plus subtil de 'Clerc en écriture dans les bureaux'. Ainsi durant son séjour à Victoria et à Buéa, Charles Atangana aura été successivement ou parallèlement interprète - Infirmier - Clerc - et même Employé des douanes.
C'est également à Buéa qu'il va épouser en premières noces Marie Biloa, une fille Yanda de Mekumba, un peu plus âgée que lui, qui vivait maritalement avec un fonctionnaire allemand. Le mariage a lieu à l'Eglise d'Engelbert. De cette union naîtront deux enfants : Jean Ndengue Atangana et Catherine Edzimbi Atangana. En 1901, Charles Atangana effectue un séjour à Yaoundé; c'est l'occasion de concrétiser la proposition faite aux Pères Pallotins qui sont déjà à Yaoundé à l'instigation des anciens élèves de Kribi, - Charles Atangana demande aux siens de leur donner du terrain pour y créer une mission dans le village même de son père, sur la colline de Mvolyé. Charles Atangana est bien loin d'imaginer que pendant son séjour à Yaoundé, l'Obert Lieutenant Scheunneman avait discrètement organisé une enquête sur lui. Ainsi au début de l'année 1902, quand il s'apprête à rentrer sur Buéa, ce dernier le maintient à Yaoundé en lui avouant qu'il y sera plus utile.
Il en fait l'Interprète officiel en remplacement de son cousin Jean Tsoungui Akoa. Et en 1904, quand le Major Hans Dominik revient comme Chef de Poste à Yaoundé, il est heureux de retrouver parmi les plus dévoués de ses subordonnés et le premier de ses sous-ordres, Charles Atangana qu'il avait lui-même recommandé huit ans plus tôt au Révérend Père Schwab à Kribi. Ainsi protégé par Hans Dominik et par les Missionnaires, Charles Atangana est le symbole de l'Evolué réussi - Dominik lui demande de l'accompagner dans ses tournées en brousse - Et Charles Atangana revivra les scènes de l'enfance avec la révolte des Manguissas. Il s'offre en médiateur pour arrêter les massacres. Le Chef Manguissa accepte la négociation, cette victoire le consacre définitivement dans le rôle ô combien délicat d'Intercesseur et Négociateur.
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Il commence cette même année la construction de son Palais style provençal avec un grand escalier extérieur d'apparat tel qu'il a vu en Allemagne, ayant pris soin de ramener les plans. Pour cela, il crée une briqueterie, une scierie etc.. c'est un frère d'une congrégation allemande qui sera le maître d'oeuvre. A cette grande entreprise participent les populations enthousiastes et curieuses au point qu'avant la fin de l'année, la maison sera déjà fonctionnelle - imposante avec ses deux tours. Le niveau supérieur comme le rez-de-chaussée sont munis de galeries protégées par un mur fait d'arcades et de balustres fabriquées sur place. Le plancher est en bois vernis. Pour les cérémonies, il y a une plate-forme couverte par un débordement de la toiture.
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Cette grande demeure était surtout la maison du Bon Dieu. Quand on y arrivait seulement, on avait l'impression que tous les problèmes allaient être résolus, de quelque ordre qu'ils soient. L'édifice et son propriétaire ainsi que l'ensemble du personnel rassuraient totalement - on se sentait en sécurité. En 1913, Charles Atangana effectue un second voyage en Allemagne au cours duquel il est reçu successivement par le Kaiser Empereur Guillaume II et à Rome en audience privée par le Pape Pie X. En 1914, éclate la première guerre mondiale. Charles Atangana et ses chefs, soit près de soixante mille hommes couvrent la fuite de leurs anciens maîtres vers l'Ile de Fernando Pô en Guinée Equatoriale. Pour les Français, c'est le début de l'exil de Charles Atangana. Il embarque sur le San Carlos pour l'Espagne avec son fils Jean Ndengue - son petit frère et Secrétaire Henri Essomba et quatre autres notables, Paul Ntonga, Martin Tabi, Hubert Nama et le Chef Max Abbé Fouda. Le groupe débarque à Cadix le 22 septembre 1919. Il est en voiture découverte à quatre chevaux...
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